Maria ROEHRICH

Combien je vaux ?

Area Revue n°26 Printemps 2012 page 74

Entretien avec Maria ROEHRICH et Coline JOUFFLINEAU

         L’art c’est d’abord des idées, puis une volonté de les exprimer et enfin des choix de mise en forme.

       
Mon travail est souvent une manifestation ironique et trompeuse de mes intentions, je comprends donc que je ne vais toucher que des visiteurs particulièrement attentifs. Est-ce pour cela que mes productions se vendent peu ? Je les propose à tous les prix parfois même sans échange monétaire, mais là je ne sais pas si c’est la bonne approche pour en vivre… J’ai donc un autre travail, je suis mon propre mécène et face aux contraintes de mon travail dans une grosse entreprise, l’art est un moyen indirect de remettre en cause des choses, et de décrire ce que je ressens et perçois.

Jeune Création est-il le premier Salon auquel vous participez ?

 

Non, j’ai fait quelques dizaines d’expositions. N’importe quel lieu peut être intéressant du moment qu’il y a contact avec les visiteurs car mes œuvres ne peuvent exister tant qu’elles ne sont pas montrées en public.

Il y a autant un déficit d’espaces que de volonté pour montrer des œuvres. Il suffirait de peu de chose … Ce qui me fait mal au cœur c’est de voir autant d’espaces peu utilisés (comme les sous-sols du Centre Pompidou ou du Palais de Tokyo) alors que l’on pourrait y montrer des artistes qui ont des choses à dire.

Pour mon exposition à MACparis je proposais à tout artiste, sélectionné ou non, de venir exposer sur mes murs en me convaincant de la qualité de son travail. En offrant cet espace pour s’exprimer j’avais à la fois le rôle de l’artiste, du galeriste, et du collectionneur.

Ici, au 104, je compare du point de vue économique ma production au travail d’un autre artiste. Tout ce que j’ai produit depuis six ans ne vaut peut-être pas plus qu’une œuvre que pourrait faire Yan Pei-Ming en six minutes !

L’œuvre que je présente propose de réfléchir sur la valeur du travail, sur la folie du monde actuel, et sa démesure. C’est aussi une réflexion qui porte justement sur la place de l’artiste et de sa reconnaissance économique.

Qu’est ce que la valeur d’une œuvre d’art ? Peut-elle être juste pour l’acquéreur et juste pour l’artiste ?


   


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